Michel Plasson et les violoncellistes
LE CARNAVAL ROMAIN
UNE OEUVRE MAJEURE
DE VAN QUE
Pierre Philibert,
Ancien Professeur au Lycée Fermat ,
Toulouse.
Ancien Conseiller au
Ministère de La Culture et de La Communication.
Plan de l'exposé
1
- Introduction: Van Qué artiste peintre
et musicien
2 - Genèse de la
composition du "Carnaval Romain"
les circonstances, l'inspiration, le sensible et l'intelligible
3 - Les préparatifs :
Études: Croquis noir et couleurs.
4 - La composition :
cadrage , l'orchestre, les scènes
5
- Le Style, l'homogénéité et l'unité de la composition.
1 - La quasi totalité des œuvres visuelles de
V.Q. se range dans une catégorie dite " l'art pur" où le visuel
seul suffit pour la contemplation et
pour la compréhension du public. Les discours sont superfétatoires et peuvent entraver la
communion avec l'œuvre et avec le créateur.
2
- Une des œuvres de grand format de V.Q. , 2m x3m,
"LE CARNAVAL ROMAIN" est particulièrement complexe. « Le Carnaval romain »
fut créé à l'occasion de la
représentation en 1969 de « BENVENUTO CELLINI » de BERLIOZ par
l’Opéra du CAPITOLE de Toulouse
sous la direction de Michel Plasson.
L'œuvre
comporte plus de cent personnages (123). Elle a été composée dans des circonstances particulières. Malgré tout, l'artiste
est parvenu à un résultat dont la plasticité est éblouissante. L'unité
et l'homogénéité de l'œuvre y sont
obtenues naturellement (comme dans
presque toutes les œuvres de V.Q.)
Vue l'ampleur de cette composition, sa
lecture et son appréciation totales nécessitent
une analyse focalisée prioritairement sur LA PLASTICITÉ : compréhension
et attrait surgiront dans le même élan.
La création de l'œuvre visuelle de V.Q. est
datée de 1971. Sa sensibilité reste aussi vive qu'au moment de ses études à
l'opéra du Capitole de Toulouse. Elle gère "souverainement" sa
spontanéité dans l'exécution de son œuvre, sans aucune intervention de
l'intelligible.
Tous les matins, pendant dix jours, il compose
sa toile entre 6 heures et 8 heures,
avant de partir au CNRS pour ses travaux de recherche
scientifique, où intervient uniquement
"l'intelligible". Le "sensible" y est
totalement banni. Cette alternance
" sensible-intelligible" imposée par les nécessités professionnelles
a duré pendant dix jours, et sa toile a
été achevée, sans retouches.
V.Q.,
allégé du poids de son inspiration, ayant libéré sa mémoire des impressions vives de l'opéra, de l'orchestre
et de son chef, laisse "le Carnaval Romain" de côté pendant quarante quatre ans.
3
– Le tableau est composé d’après des cahiers d’étude en couleurs, de scènes
prises sur le vif par Van Que au cours
des répétitions, avant " la Générale". Pour cette création, il était
accompagnateur des chœurs, en guitare classique: Van Que était, à ce moment là,
élève de la classe supérieure du Conservatoire National de Région de Toulouse
avec le professeur Marc Françerie. Cet accompagnement limité dans le temps, lui
laisse le loisir d'écouter, ou de retourner dans la salle, et de s'abandonner à
ses œuvres visuelles.
L’œuvre de Van Que représente donc la scène à la
"Générale" du « CARNAVAL
ROMAIN ». On distingue, au centre du premier plan, le jeune chef
d’orchestre Michel PLASSON (36 ans) au pupitre.
V.Q. a
ajouté à cette composition toutes les scènes et les personnages qu'il a retenus
dans ses études (même le
personnel administratif, en costume de ville, qui passe sur la scène est croqué
par son crayon ou brossé par ses pinceaux.).
Le "CARNAVAL" s'enrichit
alors, malgré les disparités de temps, de lieu, de costumes
d'une
plasticité éblouissante et devient une longue anecdote de l'HISTOIRE DE LA
CRÉATION de cet Opéra.
4
- La composition : cadrage , l'orchestre, les scènes:
Van Qué évite
généralement de faire des œuvres d'art sur les œuvres d'art.
Le "Carnaval
Romain" est une exception. Le metteur en scène de cet opéra ne reconnaitra
probablement pas dans l'œuvre de Van Qué son œuvre originale, car Van Qué a
rempli tout l'espace de la scène des mouvements des acteurs aux différents moments
du carnaval.
Il a donc transgressé
l'unité temporaire de la pièce: ainsi on a compté près de 100 acteurs sur la
scène de sa peinture.
Il devait sentir que de
multiples situations peuvent se trouver en même temps dans un carnaval, et la
multiplicité des mouvements de l'ensemble favorise l'atmosphère d'un carnaval [
dans ses œuvres sur le thème de "la
foule" l'artiste a souvent multiplié le nombre de personnes pour
évoquer l'e climat de l'événement]
Ainsi la quasi totalité
de la surface de sa toile est couverte d'acteurs en mouvement: danseurs,
acrobates, personnages cultes de la Comedia del Arte, ainsi que des personnes
en costume de ville.
Vient le moment où
l'artiste se met à distance de sa toile;
il aperçoit une grande homogénéité de sa composition visuelle. En effet,
pour saisir l'ensemble du Carnaval Romain, on doit d'abord avoir saisi, un par un, les éléments
de la composition de l'œuvre :
Si l'on décompose
horizontalement, en quatre tableaux de format paysage très larges, on
obtient quatre tableaux indépendants:
1° l'orchestre
2° les acteurs en action au premier plan de scène
3° deux rondes de danse
4° les acteurs au fond de la scène
il en est de même quand
l'on décompose la scène en quatre panneaux verticaux, on obtient également
quatre œuvres indépendantes.
5 .
Spontanéité de la création.
Toute cette analyse de
composition n'a été faite par le peintre qu'à posteriori, soit 44 ans après la
création du tableau, en retrouvant sa toile.
Pendant les dix
jours de sa création, les analyses, la mise en page, la composition,
et les divisions - ce qu'on appelle :
" L'INTELLIGIBLE" n'ont sollicité le peintre, ni en pensée, ni en tentation, ni en désir,
pour ne laisser percer que l'exigence obsessionnelle de son travail
"L'AISANCE SOUVERAINE DE LA SPONTANÉITÉ CRÉATRICE".
De la sorte, l'observation de l'œuvre et les
considérations sur sa genèse rendent
tangibles :
tout le sens
et l'intérêt de cette peinture
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